Yasmine

collégienne et élève à l'Ecole des XV

14 ans, Marseille

J’ai grandi dans un environnement normal, à Marseille dans le 5ème arrondissement. Un quartier qui n’est pas très riche mais calme. Mon père travaille dans l’alimentation et ma mère est femme au foyer. Moi j’étais une enfant un peu timide, pas très sociable. Je me renfermais vite. D’ailleurs je faisais un peu de sport, de la gymnastique, mais à la maison. Je me sentais mal à l’aise devant le regard des autres donc pas question d’aller dans un club.

Le rugby m'a appris à ne jamais laisser tomber, à recommencer jusqu'à y arriver.

C’est ma mère qui a entendu parler de l’association l’Ecole des XV à la fin de ma primaire. Elle proposait d’accueillir les collégiens pour du suivi scolaire tout en pratiquant en parallèle le rugby. Moi je n’étais pas très enthousiasmée pour y aller, mais ma mère a insisté en me demandant au moins d’essayer. Rapidement, j’ai vu que le rugby, c’était comme une famille. Si quelqu’un est puni et doit faire un tour du terrain, on ne va pas le laisser seule. On va tous l’accompagner et ça créer du lien, de la solidarité, parfois même avec des personnes que je n’aimais pas vraiment. Il y a aussi des moments où on rigole. Ce qui est particulier c’est que je suis la seule fille à pratiquer le rugby dans ma classe d’âge. Au départ les garçons, ils ne voulaient pas de moi, ils me passaient la balle peut être une fois pendant tout l’entraînement. Et puis nos entraîneurs ont changé les règles en valorisant les essais marqués par les filles et ils se sont mis à jouer avec moi sans y réfléchir. Et aujourd’hui je ne ressens plus cette différence. L’important c’est juste de gagner. Mes parents au départ n’avaient pas vraiment fait attention à cette mixité dans l’équipe. Aujourd’hui ils me demandent juste de faire attention à ne pas me faire mal parce que les garçons sont plus forts sur les plaquages.

Les cours évidemment m’ont aussi aidé. Je me suis vraiment beaucoup améliorée. Ici, quand il y a quelque chose que je ne comprends pas, et bien, on me l’explique. Le sport et le rugby comptent aussi dans mes progrès. Mes entraîneurs m’ont appris à ne pas laisser tomber, à me dépasser, parce si on n’essaye pas, on ne saura jamais si on est capable de faire les choses. Par exemple, ça va beaucoup mieux en mathématiques sur les divisions qui étaient mon point noir. Quand je bloque, je réessaye jusqu’au moment où j’y arrive ! (sourires). Ce que j’aime aussi c’est que l’on pratique le sport après les devoirs, et ça me relaxe, ça me détend. Avant, quand je finissais l’école, je faisais mes exercices et quand j’allais me coucher, j’avais toujours mes leçons qui tournaient dans ma tête, je stressais. Mais c’est terminé. Quand je sors du sport, je me sens libérée. Je trouve ça beaucoup mieux, je suis sereine, détendue. Et d’une manière générale, aujourd’hui je suis beaucoup plus ouverte aux autres. Moi qui restais dans mon coin, maintenant j’écoute tout le monde et il m’arrive même, après une dispute avec les copines, de leur dire: allez, les filles, ça sert à rien, on passe à autre chose.

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