Tout le monde est fait pour le sport à la base. Après on peut aller à plus ou moins haut niveau, mais c’est dommage de se dire « non le sport, ce n’est pas fait pour moi, ça ne fonctionnera pas ».
Léa Seydoux, Vincent Lindon, Pierre Niney ou encore Demi Moore… Un casting de rêve avec lequel Raphaël Doub travaille quotidiennement, car ces actrices et acteurs ne sont autres que les élèves sportifs de Raphaël. Un coach atypique avec une vision rare et intelligente du sport, auteur notamment d’un mémoire sur l’influence de la musique sur la fréquence cardiaque des sportifs pendant l’effort. Un passionné qui enseigne à des gens qui ont envie d’apprendre à travers des méthodes variées qui se veulent, avant tout, source de plaisir et de ressource mentale.
De sportif de haut-niveau à coach de stars
Ce que j’aimais, c’est faire du sport et de la musique. À 18 ans, je me suis d’abord tourné vers une carrière de sportif de haut niveau, en saut à la perche, parce que le haut niveau s’arrête à 30/35 ans; la musique quant à elle permet de continuer beaucoup plus longtemps. Et je pense que c’est ça qui m’a guidé : aller vers ses passions, ses plaisirs.
Après ça, je me suis posé la question de ce que je savais faire. Et à partir de ce questionnement, on construit son chemin par rapport à ses habiletés, ses capacités et non pas en ayant en tête à tout prix un objectif. Si j’avais eu un objectif précis, celui de coacher des stars de cinéma ou même de faire du coaching sportif, je n’aurais certainement pas réussi. Donc, c’est tout un processus de réflexion qui part de soi, de son être intérieur pour aller vers le futur.
La musique comme art de performance
J’ai fait des études de musicothérapie. Mon sujet de mémoire était l’influence de la musique sur la fréquence cardiaque des sportifs pendant l’effort. Allier les deux dans ma vie personnelle m’a permis de me rendre compte des nombreux liens qui les unissent. Parfois, je faisais des concours de saut à la perche et après j’avais un concert de piano joué devant des centaines de personnes. Ce que j’en retire, c’est que pour chaque activité, c’est du non verbal : ce qui est important, c’est l’interprétation qui en résulte. Que ce soit musicalement ou sportivement, l’essentiel c’est l’interprétation que l’on fait de son propre ressenti.
C’est pour cela qu’on a des interprètes qui jouent du Bach, du Chopin depuis la nuit des temps. Ils ne font pas seulement qu’appliquer la partition. En sport, c’est pareil parce qu’il y a plein de manières différentes de performer.
L’importance du plaisir et de la découverte
Le sport doit être un plaisir, ne jamais être source d’ennui. L’idée est de faire des choses dont on n’a pas l’habitude, pour progresser plus vite en s’amusant. Je suis hédoniste, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’efforts à faire. Parce que j’adore les activités où il y a énormément d’effort mental et physique avant d’arriver au plaisir. Je ne suis pas juste dans l’hédonisme immédiat. En tout cas, c’est un peu ce que je recherche avec tous mes élèves: de se faire plaisir dans l’effort, que l’effort s’oublie grâce au plaisir pour aller vraiment atteindre leurs limites physiques et surtout mentales. Parce que c’est des exercices où ils sont mis en jeu mentalement et qui peuvent faire peur. Pour moi, l’insécurité, la peur, c’est le début de l’apprentissage. C’est ce grand saut dans le vide qui va permettre de réussir.
Ce plaisir se retrouve également dans les séances que je fais avec les acteurs. Par exemple, Vincent Lindon dans Titane, qui a eu la Palme d’or, devait être vraiment très musculeux. J’ai travaillé avec lui dans ce sens-là, en intégrant le plaisir à la même échelle que la performance. C’est vraiment l’idée de s’entraîner en étant motivé par le plaisir d’y aller. Cela peut être moins efficace parfois, qu’une séance dédiée à un objectif, mais là, il y a du plaisir. Cela se retrouve ensuite dans les yeux de l’acteur lorsqu’il joue. Tout ce qu’il a appris avec son corps a été vraiment une joie, un plaisir, et lui permet d’atteindre un niveau qu’il adore.
Varier les entrainements
En fait, moi je peux aller sur un marché, voir un accessoire et me dire qu’à partir de cet accessoire, je vais inventer tel ou tel mouvement. C’est l’accessoire qui va apporter de l’imagination à moi, puis à l’élève. Par exemple, lorsqu’on veut jouer au foot, si l’on présente un ballon de foot normal, les gens vont taper dedans, instinctivement. Alors que si on présente un ballon d’anniversaire, les coordinations physiques et les improvisations seront complètement différentes. Du coup, j’invente constamment des jeux et j’utilise beaucoup les arts du cirque. En fait, ce qui est important ce n’est pas l’équilibre, c’est le déséquilibre. Ce qui est important, ce n’est pas de trouver l’équilibre mais de gérer le déséquilibre. On apprend plus en tombant qu’en étant tout le temps en équilibre.