Je ne me vois pas en super-héros. Tout le monde peut se dépasser comme moi à la condition d’être prêt au changement. Ce que j’ai appris du sport, c’est qu’il faut savoir s’adapter.
J’ai grandi à Roanne dans La Loire où mon père était maître-nageur. Je suis un Obélix du sport, j’ai appris à nager avant de marcher ! De mes 9 mois jusqu’à mes 10 ans, j’étais tout le temps dans l’eau. Et j’ai goûté à peu près tous les sports. Je me souviens de mon père revenant d’une balade à vélo, me disant qu’il avait fait 90 km. Pour moi qui avais 5/6 ans, c’était fascinant. Je voyais mon père comme un extra-terrestre. Dans la foulée, je suis vite devenu le champion du quartier à vélo, puis ça a été le football, le tennis, le volley… Le jeu, le mouvement, l’équipe, le partage, tout ça fait partie de ma vie, le sport m’est indispensable.
Ludo le fou
On m’appelle Ludo le Fou parce que c’est le surnom que me donnaient mes voisins qui me voyaient courir à toute heure et par tous les temps pour préparer ma course fétiche : la Diagonale des Fous qui se court à la Réunion. Après avoir accompli plusieurs marathons, je me suis testé sur un 100 km et, pour ma première course, j’ai terminé 9ème sur 1500. Là, je me suis dit que j’avais peut-être quelques facilités (sourires). J’ai débuté aussi le triathlon directement par un Ironman : 3,8 Km de natation, 180 km de vélo et 42 km à pied.
41 Ironman en 41 jours !
Parallèlement, j’ai monté ma boîte de communication et de conseil auprès de chefs d’entreprises et de sportifs. Et j’ai réfléchi au moyen de faire parler de mon département en réussissant un défi. En 2015 j’ai donc couru 41 Ironman en 41 jours, 41 étant bien sûr le département du Loir et Cher. C’était 4 fois plus que le précédent record du monde ! Et je me suis mis à multiplier les performances en montagne et dans toutes sortes de conditions extrêmes comme la traversée de la Vallée de la mort, en courant les 216 km par des températures de plus de 50°. Je me suis vite aperçu qu’il n’y avait pas de règles, pas de livre pour me guider sur ce terrain. C’était à moi d’explorer, de comprendre mon corps, mon mental, mon environnement, pour accomplir mes projets, en soignant le moindre détail. Avant d’aller sur le cercle polaire par exemple je me suis préparé en dormant tout nu dans mon duvet par – 27° dans un congélateur !
Savoir s’adapter et bien se préparer
Je ne me vois surtout pas en superhéros, je déteste cette idée, et d’ailleurs ce qui me motive au quotidien, c’est de prouver que des tas de gens peuvent avoir la même démarche que moi à la condition d’être bien préparés. J’ai une foule d’exemples. J’ai accompagné une mamie de 78 ans en surpoids sur le toit du monde, au camp de base de l’Everest. C’était son rêve. Et j’ai emmené quelqu’un qui avait eu un traumatisme crânien sévère, avec des mois de coma et des problèmes d’équilibre. Je lui ai fait traverser la Corse par la voie alpine. Tout ça est possible si l’on accepte de se remettre en question. C’est ce que m’a appris le sport : il faut accepter le changement, se retrouver parfois en situation d’échec pour mieux rebondir et finalement savoir s’adapter. Et c’est valable aussi dans la vie professionnelle ou familiale.
Explorer, apprendre, jouer
Aujourd’hui j’ai 50 ans mais je ne vois pas de limite dans l’âge. Bien sûr, je cours moins vite et je suis moins souple mais je vais continuer à cavaler et à grimper. Je vais bientôt accomplir un de mes rêves en faisant la Diagonale des Fous avec mon fils. Ça va être un bonheur de l’accompagner, de lui donner des conseils, mais aussi de le voir prendre des décisions. Et puis j’ai 2 nouveaux records qui m’attendent : l’Ironman le plus froid sur le cercle polaire. On va découper la glace sur un lac gelé pour que je puisse nager la distance dans une eau à 0,1° avant de courir par -30°. Et je vais faire aussi le plus haut Ironman du monde à 5000 m d’altitude, au Népal. À vrai dire, j’ai pas mal d’autres idées tordues (sourires) pour explorer, apprendre, jouer, tout ce que j’aime dans le sport.