Lou Braz Dagand
Sportraits

Lou Braz Dagand

Après ma maladie, mon but ça n'était pas de remarcher mais de reskier !

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Lou Braz Dagand
Après ma maladie, mon but ça n'était pas de remarcher mais de reskier !

J’ai grandi à la campagne dans un petit village près d’Annecy avec les montagnes tout autour. Le week-end c’était très facile d’aller faire des balades, du vélo. Je me suis mis tard au ski pour un jeune de Haute-Savoie, c’est à dire vers 7 ans (sourires). Je n’en faisais pas en compétition, disons que c’était pour le plaisir jusqu’à l’arrivée de ma maladie.

Naissance d’un autre Lou

Aujourd’hui, je suis paraplégique suite à la maladie de Lyme qui s’est déclenchée à l’âge de 19 ans, il y a 6 ans, après une piqûre de tique. La maladie s’est développée de façon brutale, je suis passé par la tétraplégie, donc les 4 membres paralysés, ensuite j’ai perdu la vue, puis la parole. La maladie a aussi attaqué mon cœur et j’ai dû être opéré. J’ai récupéré progressivement grâce aux traitements, et aujourd’hui, je ne suis “que” paraplégique, avec une perte de sensations dans les jambes et les abdos gauche. Bien sûr il y a eu de la panique mais mon caractère, c’est de toujours avoir la banane. Avec ma maladie, j’ai aussi découvert un autre Lou, plus persévérant, avec une grosse force mentale. Maintenant je sais ce que je veux et je me donne les moyens pour y arriver. Et près ma maladie, mon but n’était pas de remarcher mais de reskier !

Le sport qui sauve

Mon retour sur les skis, ça a été de la joie mais aussi de l’appréhension parce qu’il faut tout réapprendre. Mon matériel, c’est un fauteuil ski avec une coque en carbone pour mes jambes sous laquelle se trouve un amortisseur et un monoski. Dans les mains, on a des petits bâtons avec des patinettes au bout pour se stabiliser Les sensations sont vraiment décuplées, c’est super. Rapidement, ça m’a donné envie de faire de la compétition et aujourd’hui mon but c’est de gagner ma place pour les prochains Jeux Paralympiques de Pékin en 2022. Il faut savoir aussi que la maladie de Lyme, normalement, c’est un traitement à vie. J’ai fait des tests et il se trouve que l’endorphine du sport permet de soigner la maladie de Lyme, donc je n’ai plus traitement.

La transmission

Depuis 6 mois, je travaille au Crédit Agricole comme conseillé financier. C’était l’un de mes sponsors et ils ont accepté de me prendre en CIP, un contrat d’insertion professionnel qui me permet de faire 6 mois de travail et 6 mois de ski. Je participe aussi à des séminaires en entreprises, notamment sur les valeurs du sport et sur le moyen de rebondir après un échec professionnel, un licenciement ou après une maladie. Mon message est de prendre du recul après chaque incident de parcours, savoir se remettre en question, et surtout, chaque jour, se fixer un petit objectif. Pour moi, en rééducation, c’était comment faire un transfert de son siège à un lit tout seul. Au départ, on tombe, on tombe encore et puis on y arrive. Pareil sur les skis, au départ, je ne tournais qu’à droite. Je suis tombé très souvent et aujourd’hui, j’y arrive sans problème. Toute personne peut avoir le même mental que moi, il faut essayer, essayer et enfin parvenir à ses objectifs. Le sport m’a vraiment aidé physiquement et mentalement pour ça, donc le sport comme école de la vie, je le vis chaque jour.

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