Justine Benoit
Sportraits

Justine Benoit

Le sport a une fonction thérapeutique pour moi. C’est lui qui m’a permis de gagner en confiance et aussi de réaliser qui j’étais.

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Sportraits
Justine Benoit
Le sport a une fonction thérapeutique pour moi. C’est lui qui m’a permis de gagner en confiance et aussi de réaliser qui j’étais.

Le sport a une fonction thérapeutique pour moi. C’est lui qui m’a permis de gagner en confiance et aussi de réaliser qui j’étais.

Je suis née et j’ai grandi à Toulon. Mon père faisait beaucoup de marathons. On regardait ensemble la Formule 1 le dimanche et puis il y avait les matchs de foot le samedi soir. Et de voir à quel point il était passionné par les joueurs, ça m’a donné moi aussi envie d’obtenir son admiration en réussissant dans le sport.

Football et Girl Power

Je suis rentrée dans un club de foot à 14 ans à La Vallette. C’était difficile parce que les filles n’étaient pas bien acceptées. On avait du mal à avoir des créneaux pour l’entraînement, les garçons étaient toujours prioritaires. On avait du mal aussi à avoir des bus pour les déplacements. Donc il a fallu se battre. On est montées de division District en Régionale, c’est-à-dire que les féminines avaient le plus haut niveau pour une équipe du club. Et c’est là que l’on a commencé à avoir un peu de reconnaissance : « Ah les filles ça peut aussi apporter quelque chose dans le club… ». A l’adolescence, c’est sûr que le Girl Power des Spice Girls me faisait rêver. J’aimais Mel C, la sportive. Le fait que des femmes comme elles donnent l’impression de pouvoir dominer le monde.

Apprendre à s’assumer grâce au sport collectif

Quand j’étais ado, j’étais un peu enrobée et je me sentais jugée. Lorsque j’entrais sur le terrain, je regardais mes crampons, je n’osais pas regarder autour de moi. Et au bout de 3 ou 4 ans, à force de travail et en voyant que j’avais les copines autour de moi, j’ai changé. Ça n’était plus une Justine timide sur le terrain mais une guerrière. Le sport a eu une fonction thérapeutique pour moi, il m’a fait gagner en confiance et réaliser qui j’étais. Le vestiaire et le football m’ont appris notamment à assumer d’aimer les femmes. Quand on a 14 ans, lorsque l’on voit 2 femmes ensemble, on a l’impression que ça n’est pas normal parce que c’est ce que l’on nous raconte depuis tout petit. Et de voir que dans le sport collectif féminin, des femmes le vivent souvent très bien et qu’elles ne sont pas jugées par les autres, ça m’a donné de la force. L’important dans le vestiaire, c’est que l’on est tous là dans le même but, on est ensemble pour atteindre un objectif.

Team Manager d’une équipe de rugby masculine

Le club de rugby, le RCT, j’y rentre presque par hasard en 2013 en répondant à un statut Facebook pour un poste à pourvoir en logistique. 2 ans plus tard je suis promue coordinatrice sportive et puis 3 ans encore après, Mourad Boujellal, le président de l’époque, me propose de devenir Team Manager.  C’était une première pour une femme, Team Manager d’une équipe masculine de rugby, la meilleure équipe européenne à ce moment-là ! Mon poste c’est de la coordination entre le sportif, l’administratif, les partenaires, le marketing et la communication. Je m’occupe de préparer les voyages des joueurs, je suis un peu leur maman ou leur grande sœur, ça dépend (sourire). Ce qui me rapproche d’eux c’est d’être une combattante. Le fait d’avoir pratiqué un sport collectif, de connaître cette notion d’engagement et de solidarité m’a beaucoup aidé en arrivant dans le milieu du rugby. Ici il n’y a pas chichis. Quand je vois les joueurs sur le terrain, avec l’arcade ouverte, qui se tournent vers le docteur, pour lui dire : « Ne t’inquiète pas, je peux jouer » Ils m’épatent ! J’aime cette persévérance et cette envie, cette idée d’être prêt à mourir pour son voisin. Dans le rugby, s’il y en a un qui flanche, tout le monde flanche. C’est comme dans la vie de tous les jours. Si on ne s’entend pas avec son collègue ou que l’on ne va pas dans la même direction, on ne peut pas y arriver.

Le sport ou l’envie de réussir

Les 3 valeurs du sport les plus inspirantes pour moi, ce sont la solidarité, le combat et l’envie. L’envie d’y aller, de gagner. Plus jeune, on me comparait à une Deudeuche quand je faisais de l’athlétisme au collège, en comparaison aux Ferrari qui étaient toujours devant. Donc j’ai toujours voulu prouver que je pouvais faire autant, voire mieux que les autres. Et ça m’a plutôt réussi dans le football et au travail. Le prochain challenge pour moi, ce serait d’intégrer une équipe de rugby féminine. Non je plaisante ! J’aimerais bien m’occuper d’un centre de formation ou devenir directrice sportive d’un club. Mais j’ai encore pas mal d’expérience à gagner. Et si je devais faire passer un message à de jeunes recrues, ce serait « venez comme vous êtes, prouvez des choses, battez-vous, ayez l’envie de réussir et moi je vous accompagnerai dans vos envies !».

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