Brigitte Godard, médecin des astronautes qui a notamment accompagné Thomas Pesquet dans la préparation de son premier vol orbital, nous raconte à quel point la détermination et la précision sont des facteurs primordiaux dans la quête des objectifs de ces véritables athlètes, mais pas uniquement…
Préparation médicale, physique, mais également psychologique, ils sont une centaine de personnes à graviter auprès des astronautes tout au long de leur préparation. Un réel travail d’équipe, où la notion de coach pour orchestrer l’ensemble et permettre à l’astronaute d’être dans les meilleures conditions prend tout son sens.
Une sélection drastique, mais de plus en plus ouverte…
Brigitte Godard le reconnaît rapidement : « Si vous avez quelqu’un qui n’aime pas faire du tout de sport, c’est n’est peut-être pas la peine d’intégrer les sélections ». Car cette dernière n’est pas ouverte à n’importe qui. Les critères de sélection sont stricts et très poussés, l’espace se mérite. D’autant plus que les critères ne sont pas seulement physiques, mais également psychologiques et médicales. Il y a notamment des critères oculaires très connus, raison de l’intégration de nombreux pilotes de chasse dans les équipages spatiaux depuis de nombreuses années. Mais bien que considéré comme de véritables athlètes, l’idée qu’un astronaute doit avant tout être un sportif émérite est une fausse idée. Et pour cause, l’espace est un environnement totalement différent, impactant directement le corps des astronautes. Comme le dit bien Brigitte Godard : « On ne veut pas des supers athlètes, parce que plus ils seront entrainés, plus ils vont perdre de l’os et du muscle quand ils vont être là-haut ». Un certain équilibre donc est primordial entre les aspects physiques, médicaux et psychologiques.
Une recherche d’équilibre dans les profils, qui a petit à petit inversé les tendances de sélection. En effet, les pilotes de chasse ne sont plus les principaux astronautes d’aujourd’hui. Ingénieurs ou scientifiques comme Mathias Mauer ou Alexandre Gerst et même des parastronautes ont également pris place au sein des équipages. Car le véritable critère reste le même : envoyer les personnes estimées être les plus efficaces pour leur mission. Les potentiels manques, seront alors compensés lors des entraînements.
… Pour une préparation tout aussi intense
Sélection faite, les astronautes s’engagent sur une très, très longue période de préparation avant de voler. Comme le souligne Brigitte Godard : « Cette préparation représente deux années d’entraînement. Deux années intenses, non seulement physiquement mais également psychologiquement ». Car la réussite d’une performance aussi hors normes qu’un séjour orbital de plusieurs mois ne se prépare pas que physiquement. L’aspect physique et sportif est aussi primordial qu’une santé psychique et physique parfaite. Un élément bien expliqué par Brigitte : « Les astronautes ne sont pas là-haut pour être malade. Leur corps doit suivre, donc nous faisons tout pour les mettre dans les meilleures conditions ».
En plus de la préparation de l’humain, l’astronaute doit également s’entraîner sur plusieurs domaines pour combler tout éventuel problème à l’intérieur de la Station Internationale ou dans l’espace… Technique, maintenance, scientifique et même médicale car la plupart des Européens s’entraînent comme Crew Medical Officer pour être capable de se soigner et soigner ses collègues. Tout cela nécessite donc bien des années d’entraînement, pour être prêt sur tous les plans.
L’importance du travail en équipe et du coaching pour réussir cette performance
Un vol orbital est en soi, une performance exceptionnelle. Pour l’astronaute, l’objectif de tout une carrière, tel des Jeux Olympiques pour un athlète. Et pour ce faire, encore plus qu’une compétition sportive, l’athlète ne pourra réussir seul. Autour de l’équipe sélectionnée pour un vol orbital, ce sont, du moins pour l’Agence spatiale Européenne, une centaine de personnes qui gravitent et travaillent auprès des astronautes pour les mettre dans les meilleures conditions. Ingénieurs, psychologues, préparateur physique, médecins, tout le monde contribue à la réussite de cette performance, entraînant alors un véritable travail d’équipe où confiance, entente et coordination prime. Un travail d’équipe orchestré par quelques personnes comme Brigitte, pour créer du liant entre les différentes entités et maintenir un niveau élevé de performance pour l’astronaute. Un rôle de coach médical donc dans la préparation des astronautes, qui n’était d’ailleurs pas forcément conscient pour Brigitte Godard : « Finalement, le terme de coach est pas mal non plus. Je me rends en fait, par rapport à ce que l’on fait, que nous avons tout à fait ce rôle. Parce que l’on va les aider sur tous les plans, pas que médical, les aider et les guider ».
La détermination comme facteur de réussite
L’espace a toujours été le rêve ultime de Brigitte Godard, qui avait notamment tenté les sélections pour devenir astronaute dans le passé. Faute de réussite, sa détermination et son envie de faire le métier qui résonnait en elle, l’ont poussé à persévérer pour faire partie de ces chanceux qui côtoient l’espace et les astronautes quotidiennement. Ce leitmotiv de détermination construit au fil de sa carrière se ressent alors dans sa façon de travailler. Un conseil qu’elle inculque non seulement aux astronautes, qui ne manquent pour le coup pas de motivation, mais également aux équipes qui entourent ces derniers afin de réussir pleinement la mission qui leur est confiée. Elle insiste d’ailleurs beaucoup sur la notion psychologique « Si on est motivé, et si l’on croit en ce que l’on fait, on peut faire beaucoup de choses”. Une confiance en soi qui permet, le temps venu, d’atteindre ses plus grands objectifs, qu’ils soient sportifs, ou non.