Côté judo

Un rêve paralympique

Helios Latchoumanaya
19 ans, AS Bourg-la-Reine 92 Judo-Ju-Jitsu (Hauts-de-Seine)

« Si je pense évidemment à Tokyo, il ne faut pas brûler les étapes. Il s’agit d’abord d’assurer la qualification »

Tokyo et les Jeux paralympiques dans la tête au quotidien. Une médaille ? Mieux, le titre. Tel est l’objectif d’Helios Latchoumanaya, dix-neuf ans (il est encore junior). Malvoyant (type B2), ce garçon évoluant dans la catégorie des -90kg, né au judo à l’âge de sept ans, du côté du Stadoceste Tarbais Pyrénées Arts Martiaux. « Pour être honnête, je ne me souviens plus très bien pourquoi j’ai poussé la porte du dojo, explique avec un léger rire ce garçon à la voix lente et calme. Mais je sais pourquoi j’y suis resté : l’ambiance chaleureuse, les valeurs et la compétition. Enfant, j’étais une pile et le judo m’a permis de mieux me contrôler », résume ce fan de basket américain.

Très vite, Helios se montre à son avantage, remportant des compétitions interrégionales minimes (« le plus haut niveau à mon époque », précise-t-il) avant de terminer septième des championnats de France cadets en 2016. Une année importante puisque celui qui vient d’obtenir son bac STMG débute alors une formation sur deux ans en BPJEPS. En parallèle, il rejoint l’équipe de France paralympique, pour se hisser l’année suivante en finale des championnats d’Europe IBSA (International Blind Sport Association, la fédération internationale des sports pour personnes déficientes visuelles).

Même résultat fin juillet à Gênes ! Et il y a quelques semaines, le néo-sociétaire de l’AS Bourg-la-Reine terminait cinquième au Grand Prix IBSA d’Ouzbékistan. « Je suis actuellement troisième à la ranking list mondiale. Si je pense évidemment à Tokyo, il ne faut pas brûler les étapes. Il s’agit d’abord d’assurer la qualification. » Entré à l’INSEP en septembre 2018 au sein du groupe « jeunes » – « un niveau incomparable avec ce que j’avais pu connaître avant », celui qui se définit comme « un compétiteur, un mec sympathique mais parfois trop nonchalant et timide » sait pertinemment qu’il a encore beaucoup à travailler pour atteindre son rêve de podium paralympique. « J’essaie d’être plus sur l’attaque depuis quelques temps. En ce moment, je bosse beaucoup mon spécial, morote-seoi-nage à gauche. Ça, c’est au niveau technique. Je sais qu’au niveau physique, j’ai un déficit par rapport à mes principaux adversaires. Je mets donc l’accent aussi dessus, tout comme au niveau mental. J’ai parfois tendance à lâcher des combats en me disant que je ne peux pas alors que, rétrospectivement, il y avait largement la place. » Souhaitant être traité comme un judoka lambda – « je ne me considère pas spécialement comme un handicapé », analyse-t-il – Helios Latchoumanaya, qui n’apprécie rien tant que les personnes de séries qui ont toujours un coup d’avance sur tout le monde comme dans La Casa del Papel ou House of  Cards, pourrait bien trouver dans le personnage de Franck Underwood une source d’inspiration et ainsi transformer son rêve paralympique en réalité dorée.

daction par la revue L’Esprit du Judo

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