Côté judo

Richesse humaine

Julien Roué, 41 ans, 1er dan, JC Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis)

 « Quand j’y réfléchis, il ne se passe pas une journée sans que je pense au judo »

Échanger avec Julien Roué de sa passion pour le judo, c’est découvrir un chirurgien-orthopédiste de quarante-et-un ans dont la bienveillance est sans doute ce qui frappe d’emblée. Père de deux enfants eux-mêmes judokas (Clémence, huit ans, ceinture jaune-orange, et Paul, dix ans, ceinture orange), ce passionné de ski ne tarit pas d’éloges sur la discipline et sur la manière dont elle l’a, en partie, construit. « C’est une banalité, mais il y a d’abord les valeurs énoncées par le code moral. Des valeurs que mon professeur à l’USNC Drancy Judo, Emmanuel Leroux, nous inculquait au quotidien. J’ai trouvé sur le tapis, et sous son enseignement, de la rigueur, de la persévérance, le goût de l’effort et la capacité à savoir être prêt le jour J. Et tout cela dans une ambiance bienveillante, où l’humour était souvent présent. Ma passion pour cet art martial a été immédiate. Et quand j’y réfléchis, même si mon travail est très chronophage, il ne se passe pas une journée sans que je pense au judo. »

La flamme de ce Breton d’origine naît lorsqu’il a huit ans, par atavisme. Ceinture verte, le père de Julien est alors président du club – il le sera pendant une vingtaine d’années – lorsqu’il pousse ses deux fils à essayer la discipline. « Je me souviens de Julien comme d’un élève timide, discret et très scolaire, raconte Emmanuel Leroux. Lors des passages de ceinture, Julien ne faisait jamais aucune faute sur les techniques demandées ! Il a ensuite rapidement fait de la compétition, mais j’ai senti que c’était un poids pour lui. Il a donc arrêté quelques années avant de reprendre, et de se qualifier pour les championnats de France cadets et juniors. »
Viennent alors les études de médecine, « un métier que j’ai voulu exercer depuis que je suis enfant, explique ce ceinture noire premier dan. Mais il fallait que ça soit rattaché au sport. » Devenu chirurgien-orthopédiste spécialiste de l’épaule et des membres inférieurs, ce fan de Kosei Inoue (« je garde de magnifiques souvenirs de ce judoka exceptionnel lors des Tournois de Paris auxquels j’ai pu assister ») voit passer entre ses mains de nombreux sportifs, dont des judokas comme Pierre Duprat ou… Emmanuel Leroux, opéré des deux épaules. « Il existe de vrais parallèles entre mon métier et le judo : l’adaptabilité, puisque je dois prendre en compte les spécificités de chacun de mes patients, et la recherche constante de perfection afin que ces derniers retrouvent l’intégralité de leurs moyens physiques. »

Si Julien ne pratique dorénavant plus de randori au club pour éviter la blessure, le plaisir de monter sur le tatami, même s’il se fait de plus en plus rare, est toujours aussi précieux. « Voir mes enfants ceinture noire serait une très grande joie », espère ce marathonien à l’altruisme évident. « Julien sort du lot. Il est extrêmement riche humainement. On n’en croise pas beaucoup des comme lui », synthétise, avec une fierté introvertie, son professeur de toujours.

Rédaction par la revue l’Esprit du Judo

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