Karine Barbera
32 ans, 2e dan, ASSOA de Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise)
Faire don de soi est souvent une image. Avec Karine Barbera, pratiquante et enseignante à l’ASSOA de Saint-Ouen-l’Aumône, c’est d’abord au sens propre qu’il faut prendre l’expression. « Bien sûr, le judo est un sport d’opposition où il faut trouver la solution et battre l’autre, explique l’intéressée. Mais j’éprouve aussi une très grande satisfaction à être une bonne partenaire, un bon Uke. À “jouer”, à me faire avoir, à bien chuter. J’aime ce rôle : faire progresser Tori en étant efficace. » Ainsi fonctionne la jeune femme de trente-deux ans dans la vie comme sur les tapis : tournée vers les autres. Une voie, celle du judo, découverte à l’âge de cinq ans, héritage d’un paternel qui pratique toujours – dans le même club – et partagée avec une sœur jumelle vite devenue une inséparable partenaire de randori.
« Dès son arrivée, on a vu qu’elle avait un grand potentiel d’expression par le judo, se remémore Philippe Joulia, le professeur. Studieuse, appliquée et impliquée, elle cherche le progrès. » Après une parenthèse de quelques années à Gasny, dans l’Eure, où elle a passé son adolescence et découvert le courant Ju No Michi – une pratique traditionnelle qui se démarque du judo en tant que sport d’opposition, lui préférant l’esquive, la non-résistance, et la mobilité – elle est revenue s’installer dans le Val-d’Oise, a renoué avec le judo, le club de ses débuts, et un style où « la technique est largement privilégiée par rapport à la force ».
« Captivée », de son propre aveu, par la manière dont les enseignants transmettent leur savoir, elle accepte de prendre la suite d’un professeur parti à la retraite. Le CQP (Certificat de Qualification Professionnelle) en poche, elle s’occupe depuis deux ans des cours des 4-5 ans et des 6-7 ans. « Ce qui est génial avec les enfants, c’est qu’ils ne font jamais semblant. Du coup, quand on voit que ça fonctionne niveau judo, et qu’en plus ils sont heureux de pratiquer, le plaisir est total », apprécie celle qui accompagne les élèves en compétition sur de nombreux week-ends.
Lors des cours adultes, « le contact passe également très bien avec les adolescents et les jeunes filles du club. Un registre qui lui va également très bien, puisqu’elle est alors à la fois l’élève et le modèle », complète son professeur, admiratif des liens qu’elle tisse. « Sans doute que son métier de kinésithérapeute n’est pas étranger à la façon dont elle rentre dans la relation à l’autre », poursuit-il.
Karine trace d’ailleurs elle-même des parallèles entre sa profession et sa passion, « la culture du toucher, le rapport au corps, la manière dont on va chercher à corriger un geste… ». Posture altruiste, Karine ne s’oublie pas pour autant. Elle continue à travailler trois fois par semaine à l’entraînement, pour elle-même, dans une quête sincère de progrès. Toujours auprès des autres.
Rédaction par la revue l’Esprit du Judo