Alexandre Carini, 50 ans, 2e dan, JC Lorgues (Var)
Au pôle espoirs de Nice, le mercredi soir, c’est entraînement de masse. Un moment qu’Alexandre Carini se fait un point d’honneur à ne pas manquer. À tel point que ce journaliste du quotidien régional Nice-Matin en est devenu, au fil des années, l’un des personnages incontournables, sur le mode « un ancien parmi les petits jeunes ». « Je dois très souvent courir pour être à l’heure, mais être sur le tapis du Parc Impérial est un vrai besoin. Me bastonner avec les cadets/juniors me permet de me défouler, de mettre mon boulot au vestiaire et de faire ce que j’aime le plus depuis presque quarante-cinq ans : être sur un tatami. »
Initié à la discipline à l’âge de six ans avec son frère Emmanuel du côté du Blanc-Mesnil, c’est pourtant au club de Lorgues, peu après avoir déménagé dans le Var avec ses parents, qu’Alexandre va véritablement naître au judo, grâce à Jacques Forestier. « Un ancien militaire, qui donnait les cours bénévolement. Très imprégné de culture japonaise, il nous réunissait à chaque fin de cours pour nous apprendre le nom des techniques en japonais. Mon amour pour le judo, je le dois à ce professeur extraordinaire. » Une passion qui ne le lâchera plus, tout en restant toujours fidèle à son club varois. Adolescent, il se créera même un jeu de dames avec des dés et des figurines à l’effigie des champions de l’époque – « j’admirais Marc Alexandre et son uchi-mata, ou Michel Nowak pour sa puissance physique ».
Quelques années plus tard, il rejoint le pôle espoirs de Nice, puis trouve le temps de s’entraîner au pôle d’Orléans alors qu’il est en khâgne/hypokhâgne, où il rencontrera d’ailleurs son meilleur ami, Laurent Cornueau. « Alexandre est un homme entier, avec une volonté de fer, qui a une vraie faculté à surprendre et qui a beaucoup d’humour, s’amuse celui qui est devenu le parrain du fils de ce dernier. Mais il est souvent têtu. »
En 1997, le voilà embauché au quotidien Nice-Matin. Ce qui n’était pas gagné ! « Je crois que la pugnacité, la persévérance et l’abnégation que le judo m’a permis d’acquérir et de cultiver m’ont particulièrement aidé », analyse-t-il. Apprécié pour sa polyvalence, Alexandre, attaché à l’agence de Cannes depuis quatre ans et spécialiste « culture » et « gastronomie », est choisi pour couvrir le Festival international du film depuis maintenant une dizaine d’années. L’un des plus grands événements culturels de la planète qui aura notamment permis à ce grand fan de bande dessinée – Les 5 Terres tout particulièrement – d’interviewer trois monstres sacrés du cinéma français : Alain Delon, Jean-Paul Belmondo et Isabelle Adjani. « Le premier m’a ensuite reçu chez lui, à Paris. Il est très loin des caricatures que l’on peut lire sur lui : simple, chaleureux, il m’a fait confiance et s’est livré. J’ai pris cela comme une grande marque de respect. »
Privé de judo à cause de la crise actuelle, Alexandre relativise. « C’est un mal pour un bien car je me suis fait opérer du genou il y a deux ans. Et avec une vis dans chaque épaule, ça commence à tirer physiquement », reconnaît-il volontiers. Avant d’ajouter, presque immédiatement : « mais bon, ça me démange toujours ».
Rédaction par la revue l’Esprit du Judo