Côté judo

Exigence perpétuelle

Clémence Louvet, 24 ans, 2e dan, Les Arts Martiaux Condé (Nord)

 « J’adore les 7-9 ans. Ils sortent du monde “bébé” et ont soif d’apprendre »

« Clémence ? C’est une dingue de l’organisation. Elle est extrêmement méthodique, planifie tout. Elle veut toujours avoir un temps d’avance. » Directeur technique des Arts Martiaux Condé, Thomas Cadoux-Duc, quatrième dan, connaît Clémence, son élève depuis cinq ans, sur le bout des doigts.

Cette pratiquante régulière de squash découvre la discipline à sept ans, au sein de l’école de Judo Calais, avec Bernard Lee. « J’étais une hyperactive. J’ai essayé le basket, mais cela ne m’a pas vraiment branchée… au contraire du judo ! Lors de ma première séance, j’étais super contente de pouvoir mettre les garçons par terre (sourire). Ensuite, les premières compétitions sont arrivées assez vite. Et là, les choses vraiment sérieuses ont commencé. » Débute ainsi, pour cette fan de crossfit, un parcours jalonné par un premier passage en structure (pôle espoirs d’Amiens) et des résultats significatifs chez les cadets.

En 2011, Clémence fait un doublé : championne de France scolaire et fédérale en -40kg. « Ce titre restera incontestablement comme l’un des plus beaux moments sur les tatamis. Avec cette victoire aux championnats de France fédéraux, je clos, sous les yeux de mes parents, une saison magnifique. Je me souviens parfaitement lorsque l’arbitre me désigne victorieuse, je croise leur regard et me rends compte alors que le titre est bien pour moi. » Sélectionnée aux championnats d’Europe quelques mois plus tard, elle rejoint ensuite le pôle France de Strasbourg. Si elle termine une nouvelle fois sur un podium national en 2014 (troisième des France juniors en -44kg), l’année 2015 marque un tournant dans la trajectoire de cette passionnée de lecture et de cuisine italienne. « Je demande, à ma sortie du pôle, d’être listée comme athlète du collectif national, à Paris, ce qui m’est refusé. Je comprends immédiatement que mes projets dans le haut niveau s’arrêtent là. Du coup, je décide de rentrer à Lille et de couper avec mon sport. »

Férue de sciences, Clémence décide de faire médecine, avec pour objectif de devenir kiné. Si la première année est ratée (« je n’avais pas fait le deuil du judo »), la Nordiste s’accroche. Perfectionniste et empathique, la voilà qui réussit brillamment tous ses examens. En juin, cette ceinture noire deuxième dan se verra ainsi diplômée en kinésithérapie. Un métier logique pour elle, car très lié au judo comme elle l’explique avec affection.

Et le judo, justement ? Si Clémence coupe donc lors de sa première année de fac, la passion la rattrape assez vite. En 2017, la voilà en service civique au pôle espoirs de Tourcoing. En 2018, elle obtient son CQP et commence à donner des cours au sein des Arts Martiaux Condé qu’elle a rejoints l’année précédente. « J’adore les sept-neuf ans. Ils sortent du mode “bébé” et ont soif d’apprendre. » Aimant transmettre, cette gauchère d’un mètre cinquante-huit, spécialiste d’uchi-mata et intraitable avec elle-même, aimerait très vite se spécialiser dans la kiné du sport. « Clémence est une fille très têtue, mais pas rancunière. Avec elle, pas besoin de tourner autour du pot. Ça ne boude pas et ça veut avancer tout le temps », conclut, presque admiratif, Thomas Cadoux-Duc.

Rédaction par la revue l’Esprit du Judo

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