Côté judo

Empathie

Arnaud Grangier, 43 ans, 4e dan, Dojo Franc-Comtois (Doubs)

« Grâce au judo, je jauge mieux les limites de mes jeunes en difficulté »

Il est de ces personnes qui, fortes d’une longue expérience, savent intervenir au bon moment et à bon escient. Une qualité indispensable au niveau professionnel pour Arnaud Grangier, éducateur de la protection judiciaire et de la jeunesse, que ce dernier explique avoir apprise et cultivée précisément grâce au judo. « Avec le recul, je pense que ce sport m’a amené trois choses essentielles : un physique, ce qui me permet de pratiquer encore de nombreuses disciplines comme le vélo ou la course à pied ; un mental avec la culture du combat, la capacité à faire faire face et à gérer le conflit ; enfin, un ressenti : sans forcément que l’on s’en rende compte sur le tatami, on développe énormément son empathie dans le rapport au partenaire, quelque chose d’assez singulier à notre discipline. »

Le judo, Arnaud est tombé dedans à six ans, à Émagny, une petite commune du Doubs. « C’était la seule discipline proposée avec le football, raconte-t-il. Et cela m’a plu tout de suite, grâce à mon professeur qui avait une approche très ludique. » Vient ensuite le temps de la compétition et une troisième place aux championnats de France cadets au milieu des années 1990, en -71kg, au Stade Pierre de Coubertin à Paris, un « lieu mythique du judo tricolore » comme il le souligne avec justesse.

Diplômé du Brevet d’État, Arnaud Grangier travaille depuis quinze ans avec de jeunes délinquants, tout en dispensant des cours de judo, depuis trois saisons, au sein du club de Vaivre-et-Montoille, près de Vesoul. Un choix professionnel pour lequel ses aptitudes, forgées et aiguisées sur le tatami, se révèlent particulièrement utiles. « Mes attributions sont doubles : protéger les enfants et mettre en place les mesures, peines ou sanctions infligées au niveau judiciaire. Être en contact régulier avec de jeunes mineurs en difficulté et aller au conflit fait partie du job. Grâce au judo, je sais sans doute mieux jauger leurs limites. Une perception instinctive, devenue naturelle et que je dois à notre discipline. »

Secrétaire général du Dojo Franc-Comtois, cet homme franc et généreux suivra de près les exploits fin juillet de l’équipe de France au Budokan de Tokyo, un lieu qui l’a marqué. « Je m’y suis rendu pour assister au Zen Nihon (la compétition toutes catégories masculines, NDLR) il y a quelques années. J’y avais découvert une atmosphère unique, particulière, impressionnante. C’est, avec la victoire lors du championnat régional par équipes au début des années 2010, l’un des plus beaux souvenirs de ma vie de judoka. » Un événement que ce quatrième dan suivra sans doute avec ses copains du Dojo Franc-Comtois, dont David Courteaux, son directeur technique, peu avare en compliments. « Arnaud est un fidèle du club. Cette qualité et sa personnalité font de lui quelqu’un de très écouté. Il analyse souvent de manière très juste les choses et possède une faculté qui pousse à se poser les bonnes questions. S’il parle très souvent sans filtre, la pertinence du propos en fait l’une des personnes les plus intéressantes que je connaisse. » 

Rédaction par la revue l’Esprit du Judo

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