Valentin Renault
21 ans, 2e dan, étudiant en STAPS à Rouen (76)
Chaque semaine, il enseigne le judo à des élèves dont certains ont deux fois son âge. À 21 ans, Valentin Renault s’accroche toujours à ses rêves de haut niveau. Mais à côté de ses ambitions d’athlète, ce pensionnaire du pôle Espoirs de Rouen a déjà commencé à donner des cours. Contaminé par son coach Olivier Mélicine, qui lui a refilé le virus de l’enseignement, ce -73kg a passé son diplôme après avoir validé son bac, et accepté un poste à Berville-sur-Seine, un village de 550 habitants lové dans l’une des boucles de la Seine en aval de Rouen.
Dès ses 19 ans, il a donc dû apprendre à donner cours à des adultes plus vieux que lui. « Il y a même mon papa. C’était un peu difficile au début, confie le jeune homme. On est timide à 19 ans, pas forcément à l’aise, et on n’a pas l’habitude de parler devant un public. Mais, maintenant, tout va bien, c’est derrière moi », conclut-il dans un sourire. Le Normand a grandi plus vite au contact de ces adultes. Au contact également des enfants et adolescents dont il a la charge. « C’est important d’être responsable sur un tapis quand tu as des jeunes, analyse-t-il. Parce que tu es un peu leur exemple, et si tu ne te montres pas irréprochable, tu ne pourras pas les guider comme il se doit. » À peine senior, le jeune adulte parle parfois avec le recul d’un vétéran des tatamis.
C’est avec cette même maturité qu’il regarde son parcours personnel. Gêné par les blessures, il n’a jamais vraiment pu confirmer son bronze décroché aux championnats de France cadets 2013. Pour progresser, il a intégré il y a trois ans le club alors naissant d’Eure Judo, « un groupe de copains » qui voulaient se rassembler pour disputer ensemble les compétitions par équipes. De dix licenciés au début, le groupe est passé à une cinquantaine désormais. Pas de dojo fixe pour cette association un peu spéciale, qui vise à rassembler les meilleurs athlètes du département, mais beaucoup de stages communs et de moments de partage hors judo. Unie depuis les cadets, l’équipe veut désormais « percer en seniors ». Mais elle permet aussi à ses membres de grandir et de progresser individuellement. L’atout de vivre des expériences différentes, de s’ouvrir. « Ce fonctionnement apporte beaucoup à chacun d’entre nous, confirme Valentin. Parce que l’équipe est particulière comparée aux autres. Clairement, cela a créé une cohésion que l’on ne retrouve pas ailleurs. » Celui qui s’imagine prof d’EPS – il suit pour l’heure une licence de Staps à la faculté de Rouen – parce qu’il sait que « vivre du judo, c’est compliqué », ne fait décidément pas son âge.
Rédaction par la revue L’Esprit du Judo