17.11.2022 Côté foot

Unir les mondes

Quoi qu’on en dise, quoi qu’on en pense, le football possède un vrai pouvoir, celui de rassembler : un homme avec son club ; des valides et des sportifs atteints de handicap ou encore une fratrie. La preuve par l’exemple.

Jérôme Tessier, 30 ans au service de son club

Jérôme Tessier, 30 ans au service de son clubNormandie / Orne

Né à Domfront-en-Poiraie (61), il y a 44 ans, Jérôme Teissier est un acteur majeur du club de foot depuis plus de trois décennies. « Je suis fils unique et mes parents étaient déjà ancrés dans le commerce local à l’époque avec leur garage. À 7 ans, j’ai pris ma première licence. » Un plaisir qui perdure aujourd’hui puisqu’en plus d’être entraîneur de l’équipe fanion qui évolue en R3, l’homme est aussi gardien de but ! « Je fais le tampon, je joue là où il y a besoin » sourit Jérôme. Très tôt, il se voue de passion pour l’entraînement. « J’ai commencé à être aide-éducateur au club à l’âge de 14 ans. Les mercredis après-midi, j’avais instauré des entraînements spécifiques pour les gardiens. » Trois ans plus tard, il effectue ses débuts en Séniors, en Division d’Honneur. « J’ai eu la chance de jouer dans les meilleures divisions et de vivre beaucoup de sélection de jeunes. Malheureusement, pour diverses raisons, je n’ai pas pu aller plus loin. » Cette frustration digérée, le technicien décide alors de donner un nouvel élan à sa vie professionnelle. En 2002, après avoir validé son brevet d’état multisports, il devient salarié du SS Domfront. « Suite à cette première expérience, je suis rentré à la ville et suis désormais animateur sportif depuis 17 ans en étant détaché sur le club 20 heures par semaine. » Responsable de l’École de Football, de la préformation et entraîneur général des Séniors, Jérôme multiplie aussi les missions auprès du District et de la Ligue. Symbole de son attachement et de celui de sa famille au club, ses trois fils comptent cette année parmi les licenciés : deux en Séniors et un en U18. « La formation des jeunes nous tient à cœur car elle nous permet de continuer à exister. Sur l’ensemble du groupe Séniors, 85% des joueurs ont été formés par nos soins. » Et suivent aujourd’hui un guide passionné et ambitieux.

À Auchy, le football pour tous

À Auchy, le football pour tousHauts-de-France / Pas-de-Calais

Connaissez-vous la particularité de l’AS Auchy les Mines (62) ? Ce club de 245 licenciés possède au sein de son effectif Séniors des joueurs atteints de surdité. Tout est parti l’an dernier d’un simple coup de fil de Christophe au président, Julien Borie. Le premier cité recherchait un club pour pouvoir pratiquer le football avec quatre de ses amis. Malheureusement, chaque demande se heurtait à un mur à cause du handicap. Là où Julien, lui, y a vu une opportunité. « J’ai eu le réflexe de me dire que cela pouvait fonctionner et apporter beaucoup au groupe. Nous avons fait un essai et celui-ci a rapidement été transformé tant Chris’ et ses amis respirent le football. » Avec le temps, ce que les valides découvrent est bluffant. « Brendon, qui est un joueur très doué et qui a d’ailleurs été champion d’Europe de futsal, prend l’information sur le terrain en se basant sur les vibrations du sol. C’est comme ça qu’il sent une présence arrivée. » Ajouté à cela le fait que l’ensemble du groupe a appris les bases du langage des signes ! « Nous voulions connaître les phrases les plus faciles pour pouvoir communiquer simplement avec eux. Ce que je n’avais pas prévu, c’est qu’ils allaient aussi leur apprendre les gros mots (rires). » Désireux de s’intégrer au club de la meilleure des manières, Christophe et ses compères ont fait d’importants efforts malgré les difficultés rencontrées. Pour son engagement, l’ASAM a été récompensée il y a peu par le Crédit Agricole dans le cadre des « Formidables 16/30 », une démarche visant à mettre en valeur les jeunes. « Notre action a été récompensée d’une somme d’argent que nous avons décidé de répartir entre notre club et l’association que nos joueurs atteints de surdité sont en train de monter, à savoir un club de futsal sur Arras. C’est aussi une manière pour nous de les remercier et de continuer à les accompagner. »

Enzo et Théo, les frères footballeurs d’Auray

Enzo et Théo, les frères footballeurs d’AurayBretagne / Morbihan

La région Bretagne regorge d’histoires extraordinaires autour du ballon rond. Symboles de cette richesse, les frères et coéquipiers Enzo et Théo Le Floch qui portent les couleurs du Auray Football Club (56). Enzo, l’aîné, évolue au poste de défenseur central tandis que Théo, de deux ans son cadet, occupe la fonction de latéral ou piston. Tous deux purs Arléens, cette passion du foot leur a été transmise par leur père. « Nous sommes tombés dedans quand nous étions petits » raconte Théo. « Papa jouait et entraînait. Tous les dimanches, nous le suivions avec très souvent un ballon entre les pieds pour jouer sur le terrain d’à côté.» Les débuts des deux frangins se font à Auray, déjà, puis du côté du FC Lorient. « Durant notre passage dans le Morbihan, nous étions abonnés au stade du Moustoir, je me souviens avoir vu beaucoup de matchs en famille » se remémore celui qui est aujourd’hui un grand fan du Paris-Saint-Germain. Après un passage à Vannes pour Enzo et une aventure commune à Theix pour les deux garçons, ces derniers se retrouvent aujourd’hui dans leur club de cœur, le Auray FC. « Il y a quelques semaines, mon frère et moi avons vécu un grand moment à l’occasion du 7ème tour de la Coupe de France puisque nous avons affronté l’En Avant Guingamp (défaite 0-2, ndlr)» Mais lorsqu’on leur parle d’anecdote, c’est une autre histoire que les Le Floch se plaisent à raconter. « C’était lors d’un tournoi en salle, à Auray. Enzo jouait à Lorient et moi avec les locaux. Le hasard du tirage au sort fait que l’on se rencontre en quart de finale. A midi, nous déjeunions en famille et notre maman a pris la parole. « Les enfants, pour moi l’idéal est qu’Enzo ouvre le score, que Théo égalise et que vous soyez départagés aux tirs au but. » C’est exactement ce qu’il s’est passé » sourit le second de la fratrie. À 22 et 20 ans, Enzo et Théo ont encore de belles années devant eux pour créer de nouveaux souvenirs.

Rédaction par la revue Vestiaires 

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