Côté foot

Seconde vie

Une carrière de footballeur s’arrête généralement avant 40 ans. Mais que faire ensuite ? Quitter le monde du ballon rond ou rester dans le milieu pour y exercer un métier ? Voici plusieurs exemples de reconversion réussie.

Photo portrait Thomas Renault de face

L’ex-gardien de Ligue 2 Thomas Renault, aujourd’hui joueur de champ en D2
et maire-adjoint d’Orléans
Centre-Val de Loire / Loiret

269 matches. C’est le nombre de rencontres qu’il a disputées avec l’équipe première de l’US Orléans, faisant de lui le joueur le plus capé de l’histoire du club du Loiret. Gardien emblématique des jaunes et rouges, natif de la ville et arrivé à l’USO à six ans, en 1990, Thomas Renault y passera trente années de bons et loyaux services, connaissant notamment la Ligue 2 à plusieurs reprises, avant de mettre un terme à sa carrière professionnelle cet été. Mais pas un terme au football. Puisqu’à 36 ans, l’ancien portier est désormais joueur de champ. Mais en amateur, cette fois. « C’est un peu un retour aux sources pour moi car j’ai commencé le football comme attaquant, explique-t-il. Je jouais encore sur le terrain jusqu’à 16 ans avant de passer définitivement dans les buts. Mais je m’étais toujours dit que je terminerais sur le champ. » Désormais, c’est en D2 qu’il joue tous les week-ends, avec la réserve de l’Entente Chaingy Saint-Ay Football, club situé à une dizaine de kilomètres d’Orléans. « J’évolue plutôt au milieu de terrain pour l’instant mais je pense que je vais reculer au fur et à mesure en défense centrale, sourit Thomas Renault. C’est une équipe de copains où il y a une bonne ambiance. L’idée était de finir ma carrière en me faisant plaisir. Et puis, j’habite à 3 km du stade, donc c’est assez pratique. » Car l’ancien rempart de l’USO n’a plus grand temps libre depuis sa retraite. En effet, en plus de sa reconversion footballistique, il s’est aussi reconverti professionnellement, devenant, en juillet dernier, maire-adjoint en charge des sports de la Ville d’Orléans. Un territoire comptant près de 115 000 administrés. « J’étais déjà conseiller municipal depuis 2014, donc j’avais un peu goûté à la politique. J’aime beaucoup cette proximité que l’on peut avoir avec toutes les associations sportives et les clubs professionnels du territoire. Comprendre ce qui fonctionne bien ou moins bien et tenter de leur apporter des solutions. » Une vie à cent à l’heure qui le change du rythme moins effréné de joueur de foot. « A partir de 8h30, je suis sur le pont, et je ne rentre pas chez moi avant 20h le soir. C’est totalement différent mais tellement enrichissant. Et puis, je ne le prends pas comme un travail. Le sport, c’est une vraie passion. »

François Clerc assis dans les gradins

François Clerc, l’international français devenu président d’Andrézieux (N2)Auvergne-Rhône-Alpes / Loire

Champion de France à trois reprises avec l’Olympique Lyonnais dans les années 2000, vainqueur de la Coupe de la Ligue avec l’AS Saint-Etienne en 2013 et international français (13 sélections), François Clerc a tout réussi dans sa carrière. Mais à 37 ans, l’ancien latéral droit désormais retraité, a voulu s’offrir de nouveaux défis. Un challenge que peu d’anciens joueurs osent tenter aussi rapidement après avoir raccroché les crampons. Le natif de Bourg-en-Bresse, dans l’Ain, est en effet devenu président du club d’Andrézieux-Bouthéon Football Club, pensionnaire de National 2, depuis mars 2019. « J’avais toujours dit que je continuerais à travailler dans le football après ma carrière. Mais pas comme entraîneur. J’étais attiré par des postes à responsabilité, de dirigeants, de pilotage d’un club de manière globale. » Passé quatre années par le Forez comme joueur et Rhônalpin d’origine, il décide alors de postuler à Andrézieux, à quelques kilomètres de Saint-Etienne. « J’avais gardé quelques relations dans la région et j’ai voulu proposer un projet de développement et de professionnalisation de l’ABFC. Cela fait maintenant dix-huit mois que je me suis lancé et le retour d’expérience est très positif. »  Inscrit en parallèleà la formation de manager général de club sportif dispensée par le Centre de droit et d’économie du sport de Limoges, François Clerc apprend chaque jour son nouveau métier. « J’ai la chance de pratiquer au quotidien avec mon club et faire de la théorie en même temps. C’est très enrichissant. D’autant qu’Andrézieux est une structure qui essaie de fonctionner comme un club professionnel, bien que les moyens ne sont pas les mêmes, explique-t-il. C’est un rôle très difficile car il y a beaucoup de problématiques à gérer, notamment économiques, avec des journées très chargées, qui commencent tôt le matin et finissent tard le soir. Mais j’adore ça. Cela apprend aussi à être patient. On essaie donc de faire progresser le club petite touche par petite touche, car il faut du temps pour arriver à ses fins. »

Crédit Photo : Le Progrès

Sébastien Roudet et Vincent Bernardet de face devant un terrain

FC Déolois Déols : Roudet et Bernardet réunis pour le plaisir de jouerCentre-Val de Loire / Indre

C’est ce qu’on appelle « boucler la boucle ». Amis de longue date et tous deux arrivés à la section sportive du collège Romain-Rolland de Déols, dans l’Indre, en 1996, les deux anciens joueurs professionnels, Sébastien Roudet et Vincent Bernardet, formés ensemble à la Berrichonne de Châteauroux, évoluent aujourd’hui sous les mêmes couleurs à 39 ans. C’est au FC Déolois Déols, promu en National 3 cette saison, qu’ils ont décidé de se retrouver. Natif de Châteauroux et ayant joué par la suite à Laval, Brest ou Gueugnon, Vincent Bernardet, le latéral gauche reconverti milieu de terrain, est arrivé au club en 2018, en provenance de Romorantin, pour finir près de chez lui. Mais c’est cet été que Sébastien Roudet, qui a connu une carrière plus longue au haut niveau (Nice, Valenciennes, Lens, Sochaux…), signe à son tour dans le club indrien, convaincu par Francis Gautron, le président délégué. « Je savais qu’il avait acheté une maison dans la région depuis la fin de son contrat à Valenciennes et qu’il ne jouait plus au foot. Je lui ai donc proposé de nous rejoindre l’an passé mais il a décliné une première fois. Avant d’accepter, en juillet dernier, de nous donner un coup de main pour maintenir Déols en N3. Le fait qu’il y est Vincent a aussi aidé, c’est vrai. » Coéquipiers en U15 et U17 à Châteauroux, il y a plus de vingt ans, les joueurs, déjà très complices, évoluaient dans le même couloir gauche, l’un latéral et l’autre avec un rôle plus offensif. « Ils voulaient se retrouver sur le terrain et profiter de leurs dernières années ensemble. Ce sont de vrais amis. » Si pour l’heure, les résultats ne sont pas encore au rendez-vous, Déols étant dernier de sa poule après six journées, l’essentiel est bien ailleurs pour les deux joueurs : prendre du plaisir là où tout a commencé.

Crédit Photo : La Nouvelle République / Serge Vialle

Rédaction par la revue Vestiaires

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