Côté foot

Retour aux sources

On dit souvent qu’il ne faut jamais oublier d’où l’on vient. La preuve par ces trois hommes aux histoires et trajectoires qui sortent quelque peu de l’ordinaire.

Jérémy Pinvidic veille sur le Stade PlabennécoisBretagne / Finistère

Il est un historique du Stade Plabennécois. À 35 ans, Jérémy Pinvidic a déjà joué près de 15 saisons sous le maillot finistérien, entrecoupées de quelques apparitions en pro, au FC Lorient et au Stade Brestois. « Ma première saison à Plabennec date de 2005-2006. Je suis ensuite revenu lors de l’exercice 2009-2010. À l’époque, le club évoluait en National 1 mais pointait à la dernière place. Nous avons finalement réussi à nous en sortir grâce à un magnifique parcours en Coupe de France (élimination en 8ème de finale, ndlr) qui nous avait donné beaucoup de confiance pour la suite du championnat » se souvient l’homme qui évolue désormais défenseur central. La Coupe de France, une compétition que Jérémy affectionne tout particulièrement. « Il me semble avoir déjà disputé six 32ème de finale, dont le premier à 18 ans face à Amiens ! Mais mon meilleur souvenir restera la campagne 2013 avec notre qualification face à Reims et le match contre Lille en 16ème au Stade Francis le Blé, à Brest. Nous avions réuni 10 000 personnes, ce qui fut un rêve pour beaucoup de joueurs de l’époque issus du bassin régional. » Jérémy Pinvidic disputera un nouveau 32ème de finale au mois de janvier avec son club de « presque » toujours. « Plabennec, c’est un club familial qui performe et perdure au niveau national depuis des années. L’environnement est sain, les gens sont simples et nous disposons de très bonnes infrastructures. Tout est réuni. » Capitaine de l’équipe et joueur le plus expérimenté, cet ancien meneur de jeu est aussi là au service du groupe et de ses partenaires. « Avant d’être un ancien, je suis surtout un copain. Il m’arrive parfois d’en recadrer certains, mais toujours avec bienveillance. Nous avons un groupe à l’écoute que le foot réunit plusieurs fois par semaine. Je veille sur eux comme un grand frère. » Un aîné pour guides ses « potes » vers le succès.

Martin Papapi, un pont avec les enfants du TogoPays de la Loire / Maine et Loire

C’est l’histoire d’un homme originaire du Togo, pays qu’il a quitté à 14 ans pour venir pratiquer le football dans l’Hexagone. Passé par les centres de formation de Toulon et Nancy mais aussi par l’Allemagne, le Chili et la Norvège, Martin Papapi est arrivé dans la région Pays de la Loire à la fin des années 90. « J’ai d’abord atterri à Châtellerault puis à Bressuire, le May-sur-Èvre, avant d’être nommé entraîneur-joueur à Jallais en 2001 » introduit l’ancien international. Aujourd’hui, Martin figure toujours dans l’organigramme du club puisqu’il entraîne les U18 féminines de sa fille le samedi et les Séniors C le dimanche. Mais l’une de ses principales préoccupations reste son engagement solidaire auprès de l’écurie de son village natale, au Togo. « J’ai appris il y a quatre ans que le club recherchait des équipements. Grâce au club de Jallais et ses dirigeants, j’ai pu récupérer les premiers maillots. Depuis, je me tourne aussi vers les joueurs et les coachs de mon réseau. Des amis investis dans d’autres villes et d’autres clubs me soutiennent également dans ce projet afin de faire le bonheur de quelques enfants. » Chaussures, maillots et même ballons, rien n’est laissé au hasard. « Au départ, le club cherchait deux ballons juste pour pouvoir s’entraîner… C’est la première chose que j’ai envoyée au pays. Lorsque j’ai reçu les photos des enfants avec les ballons, cela m’a vraiment fait chaud au cœur (…) « Mon souhait désormais est de pouvoir y retourner et assister à un match ou un entraînement. Ce serait magnifique de partager ça tous ensemble. » Par manque de moyens, le club n’est pas encore bien structuré. Mais l’aide apportée par Martin Papapi constitue un formidable point de départ.

Jack Colliez, 72 ans, arbitre depuis un demi-siècle !Hauts-de-France / Escaut

« Un jour, l’équipe dans laquelle j’évoluais disputait un match amical contre des arbitres. Il leur manquait des joueurs et voilà comment mon histoire d’amour avec l’arbitrage est née… » Un parcours débuté par hasard mais qui mènera Jack Colliez jusqu’en D3 et même en D2 en tant qu’arbitre de touche. Et lorsqu’il est frappé par la limite d’âge, à 45 ans, ce passionné ne l’entend pas de cette oreille : « Je me suis battu pour faire reconnaître que l’âge était un critère discriminatoire. J’ai réussi à faire sauter le verrou et, à 72 ans, j’arbitre toujours au niveau D1 ! » Après plus d’un demi-siècle à arpenter les pelouses, notre homme est désormais connu comme le loup blanc dans le nord de la France et jouit d’un certain respect. « On est bien loin de l’image que peut renvoyer aujourd’hui le football amateur en termes de violence ou autre. Je sais faire preuve de pédagogie et mettre une touche d’humour dans mon discours pour que tout se passe bien. Le garçon à qui je mets un carton jaune, c’est qu’il l’a vraiment cherché (rires). » Une vision de l’arbitrage qu’il tente aujourd’hui de transmettre aux jeunes directeurs de jeu du District de l’Escaut. « Grâce à une nouvelle équipe de direction dynamique, le district a souhaité donner un nouvel élan aux hommes en noir en attirant notamment pas mal de jeunes. Mon rôle est surtout de les fidéliser en les accompagnant sur leurs matchs le week-end et en leur donnant quelques conseils. Notre présence au bord du terrain est un moyen de les rassurer et de leur permettre d’arbitrer dans de bonnes conditions. » Transmettre sa passion de génération en génération, n’est-ce pas là l’essence même du football amateur ?

Crédit photo : © La Voix du Nord

Rédaction par la revue Vestiaires 

00:00 00:00