Côté foot

Père et fils, sang pour sang foot

Sur le terrain et en dehors, des pères et leurs fils partagent leur passion du ballon rond pour vivre des moments uniques.

Romain Reynaud pour son filsAuvergne-Rhône-Alpes / Rhône

Il a suffi que son fils, Sacha, lui demande pourquoi il ne jouait pas au foot comme ses copains, pour que Romain Reynaud se lance dans un projet qui tout d’un coup sonne “comme une évidence”.

Le petit bonhomme de 10 ans souffre d’un retard global qui le handicape dans la pratique du sport. “Dans le cadre de mon DESJEPS, je devais mettre en place un projet club. Il fallait en trouver un qui soit bénéfique et surtout qui ait un sens pour moi. J’ai donc proposé le Foot Adapté à mes dirigeants qui souhaitaient justement se diversifier avec une action innovante”, raconte l’entraîneur des Hauts Lyonnais (National 3) dans une interview accordée au site du District de Lyon et du Rhône.

Après le feu vert du club et la constitution d’une équipe motivée autour de lui, Romain Reynaud a obtenu le soutien de la Ville et des établissements spécialisés locaux. La structure devrait voir le jour en septembre.

“Sur la première année, on préfère ne pas accueillir les personnes en situation de handicap moteur, explique-t-il. On va donc se limiter à un public jeune, jusqu’à 20 ans, avec qui nous organiserons des entraînements bimensuels pour commencer. Dans la saison, nous espérons accueillir un tournoi de foot adapté.” Pour Romain Reynaud, “le handicap est un sujet encore un peu tabou en France. Je trouve ça dommage. Je vis depuis bientôt 10 ans avec mon fils et je vois au quotidien que finalement, c’est une chance. En retour, on doit permettre à ces jeunes de s’épanouir et leur donner tous les moyens pour qu’ils puissent intégrer des structures sportives. Ça se fait au niveau scolaire. Donc à nous de le faire pour le côté sportif. J’aimerais à plus long terme que nous puissions être en mesure d’accueillir tous les jeunes quelques soient leur handicap.”

Avec cette section de Foot adapté, le club rhodanien entend démontrer que le football ne se résume pas aux résultats. La dimension sociale et solidaire prend ici tout son sens.

L’Armoricaine en pole positionBretagne / Morbihan

“Je n’ai jamais connu ça de ma vie. Les mots me manquent pour exprimer ce que je ressens. C’est historique.”

À 58 ans, dont près d’un demi-siècle sur les terrains en tant que joueur puis entraîneur, Joël Seignard peine à formaliser ses sentiments. La joie et la fierté transpirent de son propos. Son équipe, l’Armoricaine de Péaule, a réalisé une saison absolument exceptionnelle. Ce petit club d’une commune de moins de 3000 habitants du Morbihan a décroché la montée en Régional 3 au terme d’un parcours quasiment parfait. Avec une défaite pour 17 victoires et seulement trois buts encaissés en 22 matchs, ses statistiques affolent les compteurs.

Comme si cela ne suffisait pas, pour couronner la saison, l’Armoricaine de Péaule a remporté le Trophée Morbihan au terme d’une finale haletante contre Saint-Thuriau (3-2) ! “On a eu beaucoup de chance, confie modestement  Joël Seignard au moment d’analyser cette performance. Pour réussir un tel parcours, il en faut.”

Mais pas uniquement ? “On avait un effectif assez large de 20 joueurs. Et puis, toute l’équipe se battait. Mes attaquants étaient les premiers défenseurs.” Après un premier passage réussi il y a une dizaine d’années, le coach est revenu voilà trois ans. “A la demande de quelques joueurs parmi lesquels mon fils, Jordan, qui porte le brassard de capitaine, raconte-t-il. J’ai hésité mais ils m’ont convaincu.” Pari tenu.

Et maintenant ? “Au bout de 3-4 ans, ça devient difficile pour un coach…, prévient-il. Mais je veux continuer. Ce serait trop facile de partir aujourd’hui. Mais je ne peux pas !” Lui, l’enfant de Péaule, qui porte son club vers un niveau qu’il n’aurait jamais imaginé, même dans ses rêves les plus fous, va tout faire pour y rester désormais. “Se maintenir, ce serait déjà bien pour une commune comme la nôtre. Et puis le club a de beaux projets pour le développement des féminines maintenant. On va doucement commencer par les jeunes avant de bâtir une équipe seniors.”

Les Trivier jouent en familleBretagne / Morbihan

Ces dernières années, Jean-Philippe Trivier avait joué au tennis, tapé un peu la balle de golf et même foulé les pelouses en vétérans. Le quadragénaire n’envisageait pas de rechausser les crampons après une coupure de plusieurs saisons provoquée par une vilaine blessure, mais le bonhomme s’est laissé tenter. Pour une raison aussi surprenante que louable : jouer avec ses fils !

“L’été dernier, je les conduisais à l’entraînement car ils n’avaient pas le permis. J’ai commencé à courir avec eux et de fil en aiguille, on m’a demandé de reprendre…”, raconte le défenseur central. Lorient Sport, qui évolue en R2, a donc réuni le père et ses deux fils, Wilson (21 ans, à gauche sur la photo) et Joris (19). Une fierté pour le papa et un bonheur pour les deux gamins.

“Avant d’accepter, je leur ai demandé si ça ne les gênait pas car ils jouaient avec des potes de leur âge”, glisse-t-il. Aucun des trois ne regrette. D’abord parce que le club a obtenu son maintien mais également parce que tous ont pris du plaisir.

Jean-Philippe en défense centrale a tenu la baraque toute la saison avec Wilson le latéral gauche et Joris le milieu à ses côtés. Tous n’étaient pas titulaires à tous les matchs en même temps mais ils ont pu partager de nombreuses minutes communes, notamment lors du dernier rendez-vous de la saison ponctué par une large victoire (10-0) qui assurait le maintien. “C’était très sympa et ça doit être rare ce genre de situation. Et puis, c’est le seul endroit où mes fils ont le droit de m’engueuler !”, sourit Jean-Philippe. Et maintenant ? “J’avais décidé de ne faire qu’une saison. Désormais, mes fils et le coach tentent de me faire changer d’avis. Certes, j’ai toujours les jambes mais je ne sais pas si j’ai envie de continuer.”

Ne pourrait-il pas prolonger en attendant d’évoluer avec Timéo… son troisième fils ? A 15 ans, ce dernier évolue à l’US Montagnarde, difficile à imaginer. En revanche, diriger ses enfants depuis le banc n’a rien de farfelu pour celui qui les entraînait en U10 voilà quelques années. “Ce serait rigolo…” concède le papa.

Rédaction par la revue Vestiaires

00:00 00:00