Côté foot

Le football sans limite

Qu’il joue jusqu’à quarante ans ou avec un handicap, ces passionnés voient le ballon sous l’angle du plaisir avant tout.

Le ballon au service du handicap mentalOccitanie / Gard

Le football ne se juge pas seulement au tableau d’affichage ou à la lecture d’un classement. Le Football féminin Nîmes Métropole Gard (Division 2) l’a bien compris. Le club accueille des autistes de 15-16 ans dans leur structure pour qu’ils tapent le ballon.

À l’origine, l’initiative de deux jeunes en contrat d’apprentissage qui devaient monter un projet dans le cadre de leur Brevet Professionnel de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport mention “Activités Physiques pour Tous” (BPJEPS APT). En accord avec un Institut Thérapeutique Éducatif et Pédagogique (ITEP), ils proposent de faire participer quelques pensionnaires à un stage durant les vacances.

“L’idée à germer de leur offrir une activité régulière”, explique Gabrielle Taves, responsable de l’école de foot et coach de l’équipe première de D2. Voilà comment depuis quelques mois, quatre à six autistes, accompagnés de leurs éducatrices, rejoignent les terrains chaque jeudi après-midi. “On leur met en place des exercices de motricité et d’éveil car il faut les accompagner, indique  Gabrielle Taves. Nous proposons des petits jeux avec de la conduite de balle, des gestes techniques simples… Nos installations leur donnent l’impression d’évoluer dans un cadre de football. C’est la grande différence avec les activités sportives réalisées dans leur ITEP.”

Et les bienfaits se font ressentir auprès de ce public qui a besoin, plus que tout autre, de repères. “Ces jeunes doivent évoluer dans une routine. Ils fréquentent le même éducateur, participent à la même séance, ça les rassure. C’est moins angoissant. Il faut se montrer  attentifs et ne pas les brusquer. On sent leurs progrès. Les éducateurs spécialisés ont remarqué qu’ils sont plus posés, moins nerveux dans la journée.”

La saison prochaine, le partenariat devrait se prolonger. Le club envisage même d’ouvrir de nouveaux créneaux dans la semaine afin d’accueillir d’autres jeunes autistes du centre médico-social.

Baptiste Rongier, la gagne sans stressPays de la Loire / Loire-Atlantique

Dans la famille Rongier, on demande le grand frère. Alors que Valentin (27 ans), évolue à l’Olympique de Marseille en Ligue 1 et que Guillaume (33) joue lui aussi en Foot Entreprise, l’aîné Baptiste, âgé de 34 ans, fait les beaux jours de AS CTE Orvault en Loire Atlantique qu’il a rejoint voilà trois ans. Ce club va disputer une demi-finale de Coupe nationale le 7 mai contre le FC Novuus Chambourcy, l’une des meilleurs formations de la R1 Elite d’Ile-de-France. Une performance historique pour ce club de District.

Avant de basculer dans le foot entreprise, Baptiste Rongier a écumé les terrains de sa région se taillant une réputation de brillant milieu de terrain. Puis à l’orée de la trentaine, il accepte les sollicitations de l’AS Orvault. “Entre la vie professionnelle et familiale, on a moins de temps pour le football. Ça reste un sport collectif avec toujours la compétition mais sans se prendre la tête. On se fait plaisir en restant sérieux. C’est un bon équilibre”, justifie ce papa de deux jeunes garçons. Malgré ce contexte plus cool, ne pensez pas que le bonhomme prend les choses à la légère. “Même si la moyenne d’âge augmente, on reste des compétiteurs ! On aime la gagne ! On affiche un bel état d’esprit et un investissement sans faille.”

Le parcours en coupe de France le démontre. Une épreuve qui mobilise le groupe et Baptiste Rongier en particulier. “On dispute le championnat dans la perspective de la coupe, notre leitmotiv. On avait pas d’objectif précis en début de saison, si ce n’est d’aller le plus loin possible.” Le challenge est réussi presqu’au-delà de leurs espérances.

Et pour la suite ? “Je vais fêter mes 35 ans. Il me reste encore quelques belles années devant moi. Surtout quand je vois les anciens de chez nous. Ils ont plus de 40 ans et demeurent encore affutés ! Si je peux suivre leur exemple, je ne m’en plaindrai pas !” Preuve qu’à tout âge et à tous les niveaux de pratique, le football demeure une passion dont il est difficile de se détacher.

Jérémy Sala, le plaisir jusqu’au boutOccitanie / Aude

“Cette fois, c’est ma dernière saison !” Promis, juré, Jérémy Sala raccrochera les crampons cet été. Et il ne fera pas de rab, même pour donner un coup de main. “Si je devais continuer en restant sur le banc, je serai insupportable. Et puis ma femme ne voudra pas ! Elle en a marre du foot !”

L’attaquant de l’US Montagne Noire, un club qui regroupe 4 communes de l’Aude (Caudebronde, Cuxac-Cabardès, Saint-Denis et Villardonnel), a bien mérité un peu de repos, lui qui a débuté en 1995 en équipe seniors grâce à une dérogation !

À 42 ans, et même s’il marque encore des buts, son corps montre des signes de fatigue. “Je suis cassé de partout, s’esclaffe le bonhomme qui occupe un poste éprouvant dans la logistique. J’ai mal au dos, je me suis récemment cassé trois côtes… Les lendemains de match, j’ai de plus en plus de mal à avancer… Je paye aujourd’hui toutes les petites blessures, les entorses… Quand j’étais plus jeune, je reprenais au bout de trois semaines quand le docteur me préconisait deux mois d’arrêt.” Le prix à payer d’une passion dévorante.

Son grand-père, alors président du club, recrute son petit-fils âgé de 15 ans, en échange de l’achat d’une mobylette. Plus d’un quart de siècle plus tard, Jérémy Sala n’a jamais regretté ce choix autant sportif que familial. Il a vu défiler plusieurs générations de footballeurs et d’amis. “Je joue aujourd’hui avec les enfants de mes anciens coéquipiers”, sourit celui qui a eu le plaisir d’évoluer avec ses trois frères, Nicolas (40 ans), son coach aujourd’hui, Mathieu (39) et Maxime (35).

L’US Montagne Noire, une véritable histoire de famille puisque leur père en a également porté les couleurs. “Le football amateur a beaucoup évolué. Il devient plus technique mais on ressent moins l’esprit de révolte… Moi, c’est la compétition qui me plait et qui m’a permis de durer aussi longtemps. Je veux gagner”, explique Jérémy, fan de Maradona, Cantona et Marcico, trois immenses talents doté, eux aussi, d’un sacré caractère.

Rédaction par la revue Vestiaires

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