Côté foot

Le foot comme passerelle

Des clubs n’hésitent pas à sortir des sentiers battus à travers l’art et la culture.

Le FC Lyon crée le ballon lyonnaisAuvergne-Rhône-Alpes / Rhône

Porteur d’un projet éco-social, le FC Lyon ne se contente pas d’accueillir des centaines de footballeurs sur les terrains. Une formidable action auprès des jeunes étudiantes l’a démontré. Durant le premier confinement du printemps 2020, alerté par Gaelis, la fédération d’associations étudiantes de la ville de Lyon, le club décide de monter un projet pouvant bénéficier aux jeunes femmes touchées par la précarité menstruelle durant la crise sanitaire.

“Notre ADN, c’est le sport donc nous avons souhaité créer un objet le valorisant, indique Yvan Claudey, dirigeant du FCL. Nous avons confié sa création à Art Up un collectif d’artistes lyonnais.” En partenariat avec la société Rebond, un ballon 100% bio-sourcé est élaboré aux couleurs de la capitale des Gaules. Ainsi naissait “le ballon lyonnais”. Numérotées de 1 à 251, (le 42 de la Loire du rival stéphanois, étant subtilement oublié), 250 unités sont mises en vente pour une somme minimale de 100 euros. Pendant six mois, la campagne de dons bat son plein sur internet. De grands noms comme Jean-Michel Aulas ou le chef étoilé Christian Têtedoie se portent acquéreurs, des entreprises jouent également le jeu…

Au final, plus de 6000 euros sont récoltés et reversés à Gaelis. Avec cette manne financière, l’association financera l’achat de protections périodiques pour les étudiantes. “Pour elles, c’est un coup de pouce, même si la somme se veut relativement modeste, assure Yvan Claudey. Notre action a surtout servi à sensibiliser autour de cette cause. Des entreprises et des influenceurs ont pris contact avec nous et Gaelis pour savoir comment nous aider. En sens, c’est une grande réussite pour nous.”

La singularité du projet du FC Lyon se traduit par ces initiatives solidaires. D’autres suivront. “Nous marchons sur deux jambes : l’ambition sportive d’un côté et de l’autre, le volet qui englobe l’éducatif, l’emploi, la culture, la solidarité et le développement durable.”

Angers-Bamako, un lien indéfectiblePays de la Loire / Maine-et-Loire

Dans le prolongement du jumelage entre les deux villes qui dure depuis 1974, le club Notre-Dame des champs Angers a noué un lien très fort avec Bamako, la capitale du Mali.

En 2015, à l’initiative de Youssouf Simpara, un ancien joueur angevin, Pierre Naudet, le manager du NDCA, accepte de se rendre en Afrique pour y rencontrer des éducateurs locaux. Il y expose sa vision de la politique technique. En 2017 et 2019, d’autres voyages lui permettent de faire perdurer ce partenariat qui vise à développer des actions de formation des coachs maliens. En 2021, en raison du Covid et de la situation géopolitique, c’est par visio que les réunions ont lieu. Depuis sept ans, les liens se sont renforcés. Des entraîneurs maliens ont régulièrement vécu plusieurs semaines en immersion auprès des staffs angevins.

En 2019, après son passage à Angers, Sekou Sogodogo a proposé un rapprochement avec son académie l’As Nation Foot devenue la petite sœur du NDCA. “J’apporte notre vision européenne mais pour nous, c’est également très enrichissant, indique Pierre Naudet. J’ai découvert des gens très compétents. J’apprends beaucoup au travers de leurs contenus.”

Outre l’aspect sportif, la connexion Angers-Bamako permet aux jeunes Français de s’ouvrir à une autre culture. Des enfants entretiennent une correspondance avec des Maliens. Les U7 et U9 ont assisté en direct par visio à l’entraînement de la même catégorie qui se tenait 4000 kilomètres au sud !

“Notre rêve, le projet fou c’est, d’un jour, emmener nos joueurs là-bas et d’accueillir les leurs chez nous”, lance Pierre Naudet qui sait que la situation politique et sécuritaire ne le permet pas aujourd’hui. “Personnellement, je ne me suis jamais senti en danger au Mali. Mais la relation entre les deux Etats est vraiment difficile. Obtenir des visas s’avère très compliqué, encore plus pour des mineurs.” Avant d’atteindre ce but, Notre-Dame des champs Angers continuera d’œuvrer au rapprochement des deux pays. Grâce au ballon rond…

Le Plessis Robinson voyage en ballonÎle-de-France / Hauts-de-Seine

Les voyages forment la jeunesse. Pascal Zenguinian l’a parfaitement compris, lui qui a fait du développement culturel, un vecteur d’épanouissement au moins aussi important que la pratique du football au sein du FC Plessis Robinson.

Il y a quelques années, alors qu’il entraînait les U12, l’éducateur a profité d’un tournoi à Verdun pour organiser la visite des sites de la Première Guerre mondiale. “Des parents m’ont alors suggéré d’allier culture et football lors des prochains tournois”, se souvient Pascal Zenguinian. Montpellier et Bologne en Italie seront les destinations suivantes.

Mais c’est surtout l’an dernier que le projet prend une ampleur inédite. Le coach se met en tête d’emmener ses jeunes joueurs en Pologne, à Auschwitz-Birkenau plus précisément. Un énorme travail de préparation se met alors en place, notamment avec la venue d’historiens en marge des entraînements des adolescents. “J’ai approché le Mémorial de la Shoah puis le Grand Rabbin de France Haïm Korsia, raconte-t-il. Nous sommes entrés en contact avec Ginette Kolinka, une survivante du camp de concentration, âgée de 97 ans. Une femme d’une force et d’une gentillesse impressionnantes. Elle a accepté de rencontrer les enfants ! “

Au printemps 2021, l’équipe s’est rendue en Pologne pour découvrir les lieux les plus sombres de l’Histoire du XXe siècle. En marge d’un tournoi de football, la délégation francilienne visitent les camps (notre photo), le musée Schindler et réalise même un défi de jongles lancé par… Ginette Kolinka ! Profondément marqués par ce voyage, les joueurs du FC Plessis Robinson n’en ont pas fini.

D’origine arménienne, Pascal Zenguinian les embarquera en juillet vers la terre de ses ancêtres. Au menu, des matchs contre des équipes locales mais également une journée à l’orphelinat de Gavar. “Mes enfants, pardon mes joueurs, offriront une tablette ou un ordinateur à chaque enfant de la structure. Ainsi débutera une correspondance entre eux”, explique Pascal Zenguinian véritable passeur de mémoire qui force le respect.

Rédaction par la revue Vestiaires

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