Côté foot

La fidélité chevillée au corps

Ces protagonistes du football amateur aiment leur club et leur ville au point d’associer projet personnel et sportif.

Gilles Agniel, prophète en son paysOccitanie / Gard

“Quand j’arrive dans un club, je me mets toujours dans l’état d’esprit d’un Guy Roux. Je m’y vois des années mais c’est fragile… Un entraîneur n’est pas maître de son avenir.” Ainsi parle Gilles Agniel, le coach du FC Bagnols Pont, un club qui regroupe deux communes voisines du Gard.

En 2020, alors qu’il franchit la cinquantaine, en pleine période de Covid, Gilles Agniel décide de revenir aux sources lui qui a grandi dans le coin avant d’y faire ses premières armes de footballeur, à l’Indépendante Pont-Saint-Esprit. De club en club, de challenge en challenge, faisant même un premier passage au FCBP en tant qu’éducateur, Gilles Agniel a bourlingué au point de toucher le très haut niveau. Entraîneur de l’équipe féminines du Nîmes Olympique puis assistant d’Olivier Echouafni en équipe de France, le technicien rentre au bercail, fort de toutes ces expériences. “J’ai vu comment on travaille au sommet et à l’étranger, indique-t-il. Le foot féminin demande une pédagogie et une communication différentes. J’ai beaucoup appris. Je me suis remis en question.”

Depuis bientôt deux ans, l’entraîneur met en place son projet. Et ça marche plutôt bien. Bagnols Pont navigue sur les cimes du championnat Régional 1. “Il faut raison garder. On ne vise pas la montée à l’étage supérieur. Nous ne sommes pas programmés pour ça, même si l’appétit vient en mangeant, prévient-il. Si nous parvenons à fédérer des partenaires, à développer l’équipe dirigeante et la formation, alors, dans un futur proche, nous aurons le potentiel pour grimper en National 3 et nous pérenniser.”

Dans l’immédiat, Gilles Agniel se fixe un objectif. “Le projet sportif du club consiste en l’installation d’une unité de travail pour offrir des perspectives d’avenir aux jeunes. Si je suis revenu, c’est pour leur montrer qu’on peut réussir dans son club même si c’est difficile d’être prophète en son pays en étant un enfant d’ici.” Gilles Agniel le démontre avec force et conviction.

Crédit photo : Rémi Fagnon

Ophélie Meilleroux le symbole d’YzeureAuvergne-Rhône-Alpes / Allier

Du haut de ses 67 sélections en équipe de France et avec plus de 250 matchs dans l’élite, on pourrait l’imaginer blindée. C’est tout le contraire. Ophélie Meilleroux (38 ans) vit “autant voire plus d’émotions aujourd’hui”.

La qualification pour les demi-finales de la coupe de France d’Yzeure lui a rappelé les grands moments de sa carrière de joueuse. “Sur le banc, je ne suis pas aux manettes mais j’apporte mon expérience aux filles, indique l’ex-capitaine des Bleues qui a notamment participé aux Jeux olympiques de Londres en 2012. Je suis là pour les guider, les positionner, les encourager… Ce qu’elles réalisent est énorme, elles méritent tout ce qui leur arrive !” Désormais, c’est une finale de coupe de France qui tend les bras au club de l’Allier. D’autant que Nantes, le prochain adversaire, évolue également en Division 2. “Il reste une dernière marche, on peut rêver”, confie Ophélie Meilleroux.

Pour elle, qui évoluait durant son adolescence à Yzeure avant d’y revenir à la fin de sa carrière, la fierté est immense. “Je suis heureuse de mettre le club dans la lumière. D’autant qu’avec nos moyens financiers et nos structures, c’est très compliqué de survivre…” Le FFYAA ambitionne de se hisser à moyen terme en Division 1. “Ce serait dommage de voir le seul club de l’Allier disparaître, alors, on se bat mais on a besoin d’une volonté politique et de partenaires privés. Si on pouvait bénéficier d’un petit coup de pouce”, prévient celle qui occupe également le poste de vice-présidente.

“J’ai accepté ces responsabilités car je voulais m’investir pour aider le club mais mon avenir se situe sur le terrain, prévient-elle. Raccrocher les crampons était un moment très compliqué. Ma passion, c’est le terrain. J’ai passé mes diplômes pour ça. Je veux ressentir l’adrénaline chaque week-end. Je prends énormément de plaisir sur le banc à transmettre mon expérience.” Désormais, le chemin semble tout tracé.

Ils vont la jouer comme des pros – Bretagne / Côtes d’Armor

Un rêve éveillé. C’est ce que vont vivre les joueurs mais aussi les dirigeants, les bénévoles et tous les suiveurs de l’US Mené Bré Louargat le 15 mai. L’association sportive (160 licenciés) de cette petite commune de 2300 habitants dans les Côtes d’Armor va se transformer le temps d’une journée en club professionnel ! Il le doit à En Avant Guingamp (Ligue 2) qui a organisé une opération unique en son genre intitulé “Joue-la comme un pro”.

128 clubs du district ont participé et l’US Mené Bré Louargat a connu l’immense bonheur de voir son nom tiré au sort. “Au début, je n’y croyais pas, raconte le présidente Guy Conan. Mais quand j’ai vu tous les journalistes venir m’interroger, j’ai compris qu’on avait gagné ! Il m’a fallu quelques minutes pour réaliser.”

Le 15 mai, les deux équipes seniors de l’US Mené Bré Louargat disputeront leur dernier match de championnat de District 2 sur la pelouse du Roudourou le stade d’En Avant Guingamp. “On a choisi cette date car nous jouons le derby contre Belle-Isle-en-Terre”, explique Guy Conan. Outre l’accueil des rencontres, En Avant Guingamp propose tout le décorum d’un rendez-vous professionnel. Les panneaux et affichages du stade seront adaptés en fonction des partenaires et sponsors de l’USMBL. Les joueurs profiteront d’un repas sportif avant le match et après la partie, ils répondront aux questions des médias à l’occasion d’une conférence de presse.

Nul doute que tout le village se mobilisera pour ne pas rater ce moment historique. Mais une question se pose d’ores et déjà : comment choisir les heureux élus ? “Il y aura forcément des déçus, prévient le président. Mais nous avons un règlement intérieur pour ce genre d’événement qui ne date pas d’hier. La priorité sera donnée aux joueurs qui sont dirigeants ou dont un membre de la famille l’est. Sur les 41 seniors, un classement de 1 à 28 sera établi car il faut 14 joueurs sur chaque feuille de match. Cette façon de procédé évitera tout sous-entendu.” Et n’enlèvera rien au bonheur général !

Rédaction par la revue Vestiaires

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