Club mythique du football féminin en France, l’ASJ Soyaux se reconstruit au plus haut niveau régional, après des années de turbulences. Claude Fort, vice-président et membre fondateur revient sur cinquante années “de combat”.

Le premier match officiel du club ? “Il avait été reporté en raison de chutes de neige… Et s’est finalement disputé en mars 1971, en levé de rideau d’un match de Division 2 entre Angoulême et Ajaccio devant 2000 personnes“. Claude Fort, 75 ans, peut parler de l’ASJ Soyaux et de son histoire pendant des heures. Il faut dire que le vice-président du club féminin de Charente est aussi un de ses membres fondateurs, en 1968, soit une année avant que la Fédération Française de Football ne reconnaisse la discipline. A l’époque, l’objectif est simple : “La création d’une équipe féminine s’inscrit dans un mouvement d’émancipation de jeunes filles qui en avaient marre de voir les gens se moquer d’elles et qui ont décidé de s’entraîner pour participer à des tournois avec d’autres équipes du Sud-Ouest“. A partir de 1975, les Sojaldiciennes font leur entrée dans l’élite du football féminin lors de la deuxième édition du championnat de France et atteignent même la finale face à l’ogre du Stade de Reims en 1980 (0-2).
Club 100% féminin et décennie dorée
Des résultats prometteurs qui placent les Charentaises sur la carte du foot féminin, mais qui font des envieux. “En 1982, j’ai appris en prenant mon café, que le club avait voté en Assemblée Générale la fin de sa section féminine car on leur faisait de l’ombre“, se rappelle celui qui est alors co-entraîneur. Avec d’autres bénévoles, ils reforment en un week-end une Association Sportive Jeunesse de Soyaux 100% féminine. “Le début de la décennie dorée, avec des résultats sportifs et une équipe de dirigeants exceptionnels“. L’ASJ et ses internationales se qualifient plusieurs fois en finale et remportent même un titre de Champion de France contre le VGA Saint-Maur en 1984, avant de peu à peu rentrer dans le rang à partir des années 90 et le début de la professionnalisation. “Avec l’arrivée de l’argent et des clubs masculins, c’est devenu difficile de suivre le rythme sportif et financier“, se rappelle Claude Fort.

Diacre, la catastrophe et le phénix
En 2010 et après trente-cinq saisons dans l’élite, le plus petit budget de D1 est relégué pour la première fois. Malgré une nouvelle promotion avec Corinne Diacre, le club continue à faire face à de grosses difficultés financières jusqu’à “la catastrophe” et l’annonce de sa liquidation et de sa relégation en Régional 2 en juillet 2023. “Avec ma femme Marilyn, qui était présidente jusqu’à son décès, nous avons très mal vécu cette période. Mais à l’image de l’histoire de l’ASJ, nous sommes retournés au combat et le symbole du club est devenu le Phénix“, proclame le vice-président. Sous l’impulsion de Caroline Mary, ancienne joueuse devenue présidente, Soyaux est remonté en Régional 1, dispose de U19 au niveau National et s’appuie sur une belle école de foot pour poser des bases solides et retrouver un jour les championnats nationaux. Et l’expérimenté Claude Fort y croit : “Dans les années 70, cela me paraissait impensable de voir un jour du foot féminin à la télévision, alors tout est possible… Un grand club ne meurt jamais !“

Rédaction Par Ken Fernandez